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« Absolument non pour laisser les jeunes dans la pauvreté et dans la tristesse » Sam Hamad

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Sainte-Geneviève-de-Batiscan, le 13 novembre 2015 – Ce sont les propos du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, M. Sam Hamad, lorsqu’il annonçait son intention de créer le nouveau programme Objectif emploi. Le Mouvement d’Action Solidaire des Sans-Emploi (MASSE) des Chenaux et le Fonds communautaire des Chenaux (FCDC) se questionnent sur les motifs réels du gouvernement de mettre sur pied ce programme. Objectif emploi a une approche punitive qui va assurément laisser des jeunes et des nouveaux prestataires « dans la pauvreté et la tristesse » à tout jamais, en coupant de moitié leurs prestations d’aide sociale.

 

La survie avant l’emploi

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À l’aide sociale, ce n’est pas tout le monde qui est prêt à retourner en emploi. Plusieurs personnes ont des contraintes physiques, psychologiques, des difficultés non reconnues et parfois difficiles à détecter qui leur nuisent ou les empêchent de pouvoir intégrer le marché du travail. Un problème qui est récurrent dans le temps est que l’aide sociale ne reconnaît pas toujours les contraintes médicales que les médecins constatent. Les personnes touchées par ces situations seraient quand même obligées de participer au programme Objectif emploi, sinon leur aide sociale serait coupée jusqu’à la moitié. Ils feraient donc face à un échec prévisible.

L’économiste Sylvie Morel, également enseignante à l’Université Laval, affirmait sur les ondes de Radio Canada cette semaine, que pour faire en sorte que les mesures d’aide à l’emploi soient efficaces, il faut d’abord que le soutien financier offert aux personnes soit adéquat. Le MASSE et le FCDC sont d’avis qu’avec une prestation de base à l’aide sociale à 616 $ par mois – qui ne couvre même pas la moitié des besoins essentiels – il est très difficile pour les gens d’être dans une position pour se projeter dans l’avenir et de s’investir dans une démarche d’intégration à l’emploi, car ils luttent pour leur survie. Si, en plus, comme le prévoit le ministre, leur chèque d’aide sociale est coupé à cause d’une difficulté rencontrée dans leur participation à Objectif emploi, cela vient compliquer dramatiquement leur situation.

 

Respect et humanité sont plus payants que des mesures coercitives

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Bien que les deux organisations sont favorables à l’établissement de mesures d’aide à l’emploi, ils reçoivent avec froideur l’annonce du programme Objectif emploi par le ministre Sam Hamad. Geneviève Paré, directrice du Fonds communautaire des Chenaux : « Nous croyons à l’impact et à l’efficacité des mesures d’aide à l’emploi qui seraient adaptées aux réalités de chaque personne. Il est difficile avec des êtres humains ayant des vécus différents, de dire qu’après un temps identique, ils seraient tous prêts en même temps à retourner à l’emploi. Il faudrait avoir le souci de respecter le rythme de chacun. »

Contrairement à un préjugé qui court, les personnes à l’aide sociale veulent travailler. D’ailleurs, 1 adulte sur 4 à l’aide sociale participe déjà à une mesure d’aide à l’emploi. Par contre, les mesures actuelles ne sont pas toujours accessibles quand les personnes en ont besoin.

Selon Pierre Blanchet, coordonnateur du MASSE, « les mesures d’aide à l’emploi qui accompagnent et soutiennent les gens dans leurs démarches et dans leur vécu sont celles qui sont les plus efficaces. Or, les mesures proposées par le ministre Hamad ont une approche grandement différente; une de coercition. On parle d’aider les gens à retourner au marché du travail, mais on leur laisse planer la possibilité d’avoir une coupure si elles ont des manquements. » Ils demandent au gouvernement d’adopter une approche plus humaine et respectueuse. « Quand on traite quelqu’un avec respect et humanisme, il est rare qu’il ne nous est pas reconnaissant parce qu’il se sent généralement mieux. À l’inverse, si le gouvernement manque de respect et d’humanisme envers les personnes qu’il dit vouloir aider, il se peut qu’il perde la collaboration de celles-ci et qu’elles soient plus réticentes à contribuer à la société », rajoute madame Paré.

 

Des solutions ?

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Nos organisations sont d’avis que l’approche punitive adoptée n’est pas la bonne. « Ils ont a essayé les mesures coercitives dans les années ‘80 et ça ne fonctionne pas, dit monsieur Blanchet. Nous prônons pour une approche plus humaine. Une des solutions que nous proposons est d’augmenter le montant de base à l’aide sociale et de ne pas couper les prestations aux gens qui refusent de participer à une mesure ou qui ont un problème en cours de participation. »

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Y a-t-il une preuve que les mesures qui visent le retour au marché du travail fonctionnent lorsque les personnes sont mieux soutenues financièrement ? Certainement, selon les chiffres de l’IRIS en 2012, en 10 ans, le revenu et les aides pour les familles à l’aide sociale se sont améliorés et, au cours de cette période, on constate que le nombre de familles monoparentales à l’aide sociale a diminué de 46%.

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Pour que les mesures d’aide à l’emploi soient efficaces et favorisent une réelle intégration au marché du travail, le MASSE et le FCDC croient fermement qu’il doit y avoir des ressources suffisantes (financières et humaines) et diversifiées, adaptées la réalité de chaque individu. Il est essentiel pour eux que ces ressources soient disponibles autant pour les nouveaux demandeurs d’aide sociale que pour les personnes qui sont déjà prestataires.

Le MASSE et le FCDC exigent du ministre Sam Hamad qu’il fasse un réexamen de l’approche qu’il envisage d’utiliser avec le programme Objectif emploi afin d’aider réellement toutes les personnes à l’aide sociale et de ne pas en laisser plusieurs davantage dans la pauvreté et dans la tristesse.

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